Mon premier post sur ce blog massacrait un peu de Shakespeare. Tâchons de le faire de nouveau avec cette citation déformée de La Nuit des rois : « Certains sont nés sondés, certains deviennent sondeurs. »
D’accord, ça sonne moins bien. Mais l’idée que j’essaie très maladroitement de faire passer c’est que certains d’entre nous en viennent à utiliser ces drôles de petits tubes plus tard au cours de la vie. Pour moi, cependant, je suis né pour sonder. Débuter dans la vie avec la vessie à l’extérieur du corps, ça ne vous laisse pas de choix.
Bien sûr, je ne me souviens pas de mes premières années d’absurdité urologique. Je me souviens de la sonde à demeure au cours de mes premières années d’école - qui me permettait d’accéder aux toilettes réservées aux enseignants. Au cours de ces premières années, mon tube restait en place pendant quelques semaines, puis était remplacé à la maison par un nouveau, au cours d’une brève cérémonie que je redoutais quelque peu.
Cela ressemblait à un rituel en tous cas. Ma maman avait été formée à cette opération (cela facilitait les choses qu’elle ait été infirmière - enfin, jusqu’à ce que j’arrive et que j’occupe suffisamment de son temps pour être son seul patient). Tout le matériel était soigneusement disposé sur le lit : une serviette, un appareil magique, plusieurs récipients d’eau. Il y avait le dégonflement d’un ballon, indolore, en théorie… c’est peut-être la raison pour laquelle je n’ai jamais aimé les ballons aux fêtes d’anniversaire. Puis sortie de la sonde usagée et insertion de la nouvelle - et je reprenais ma petite vie d’enfant.
Malgré un léger inconfort, principalement dû à cette mise en scène spectaculaire, le système fonctionnait. Mais tout comme la vision idyllique du monde que peut avoir un enfant change lorsque l’on découvre la fiscalité, l’apprentissage de la conduite, et le fait que personne ne sait vraiment comment fonctionne la démocratie - mon monde à moi a basculé lorsque, à l’âge de huit ans, j’ai découvert... l’auto-sondage.
Mais je vous en dirai plus la prochaine fois.
Les opinions exprimées ici sont de nature personnelle et anecdotique et ne doivent en aucun cas remplacer l’avis médical d’un professionnel. En cas de questions, vous devriez toujours consulter votre médecin ou votre infirmier(ère).