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Comme vous pouvez vous en douter, apprendre à s’auto-sonder à l’école ne s’est pas fait sans mal.

Il y avait des problèmes particuliers, des moments qui restent gravés à tout jamais. Je me souviens très clairement d’avoir été coincé toute une matinée dans les toilettes - les toilettes des enseignants les moins utilisées et les plus isolées (tout l’espace dont j’avais besoin, aucune file d’attente, et personne qui frappe à la porte pour me presser). L’auto-sondage était nouveau pour moi, et ce qui était entré ne voulait plus sortir. Je me suis crispé, ce qui n’a pas aidé. Je ne pouvais aller nulle part, alors j’ai appelé à l’aide - mais où là j’étais, au fin fond du bâtiment, personne ne pouvait m’entendre. Après environ 90 minutes, un enseignant qui passait par là a entendu mes cris de désespoir. Une demi-heure plus tard, ma mère arrivait à l’école, et une autre demi-heure plus tard, j’étais de retour en classe, soulagé, dans tous les sens du terme.

Les harceleurs... Tous ceux qui se sentent en décalage à l’école connaissent bien le problème, les gothiques, les rouquins ou ceux qui sont en dehors de la norme de quelque manière que ce soit. Je ne parle pas seulement de la grosse brute comme on en trouve dans les BD, je parle aussi des réactions bizarres de quiconque apprenait ma particularité.

Je ne pouvais pas leur reprocher de réagir bizarrement, bien sûr. Il s’agit d’une maladie bizarre. Mais pour moi, garder le secret sur mon état de santé était primordial. Il y avait même certains enseignants avec qui je ne voulais pas le partager - ceux qui encourageaient les gros durs et tentaient de marquer des points auprès d’eux. Il ne s’agissait pas seulement de cacher l’information à quelques vauriens, mais d’essayer de garder ça sous silence complètement.

Inévitablement, un ou deux de mes camarades de classe ont découvert qu’il y avait quelque chose. Alors ils brodaient, inventaient une histoire, m’affublaient d’un surnom. Et là, il ne s’agissait plus de garder le secret, mais de gérer l’information - en faisant de ma bizarrerie quelque chose de positif, de différent et d’unique. C’est à ce moment-là qu’apparaissaient des histoires d’attaques de requins, de clonage ou d’éclosion d’œufs de bêtes étranges. En affirmant cela moi-même, je maîtrisais le canular. (Et tout ceci explique sans aucun doute comment j’ai fini par devenir humoriste...)

Il m’a fallu plusieurs années mais finalement je me suis rendu compte que c’était sympa d’être un extraterrestre - tant que l’essentiel fonctionne.

Les opinions exprimées ici sont de nature personnelle et anecdotique et ne doivent en aucun cas remplacer l’avis médical d’un professionnel. En cas de questions, vous devriez toujours consulter votre médecin ou votre infirmier(ère).

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