La sensation d’avoir la vessie pleine constamment, de jour comme de nuit, s’appelle la pollakiurie. Ce terme médical est utilisé pour désigner un symptôme : le besoin d’uriner permanent, ou excessivement fréquent.
La pollakiurie n’est pas une maladie. Mais elle peut être le signe d’une infection ou d’une pathologie urinaire. À ce titre, elle ne doit jamais être négligée.
Pollakiurie : lorsque la sensation de vessie pleine est anormalement fréquente
La vessie suit un cycle naturel de remplissage et de vidange. Au fur et à mesure qu’elle se remplit d’urine, la pression dans la poche vésicale augmente.
Généralement, l’envie de faire pipi apparait lorsque la vessie dépasse les 300 ml d’urines accumulées. Deux mécanismes parfaitement synchronisés et gérés par le système nerveux se mettent alors en action pour que la miction puisse avoir lieu :
- Le détrusor (le muscle vésical) se contracte
- Le sphincter de l’urètre se relâche
C’est la synergie vésico-sphinctérienne.
La vidange complète et indolore de la vessie se produit en moyenne 5 à 6 fois par jour. Le besoin normal d’uriner suit ainsi une fréquence de 3 à 4 heures. L’envie de faire pipi en pleine nuit ne devrait pas se produire plus d’une fois.
On estime qu’il y a pollakiurie quand l’envie d’uriner revient plus de 7 fois par jour (au moins toutes les 2 heures). On parlera alors plus spécifiquement de pollakiurie diurne. Si l’envie de faire pipi contraint une personne à se lever plus d’une fois pendant la nuit, on parlera de pollakiurie nocturne, ou nycturie.
Outre la fréquence, ce qui caractérise la pollakiurie, c’est la faible quantité d’urine émise à chaque miction (souvent moins de 100 ml, soit l’équivalent d’un petit verre d’eau).
Autre point important : les nombreuses mictions quotidiennes n’augmentent pas le volume total d’urine produite par le corps sur 24 heures. Cela permet de distinguer la pollakiurie d’un autre trouble urinaire : la polyurie.
Envie de faire pipi constamment : les autres symptômes de la pollakiurie
L’impression d’avoir tout le temps la vessie pleine et le besoin trop fréquent d’aller aux toilettes pour uriner peuvent être associés à d’autres symptômes :
- Des sensations de brûlures au moment de la miction
- Les envies sont urgentes, anormalement pressantes (on parle alors de mictions « impérieuses »)
- Des fuites urinaires (incontinence)
- Une difficulté à uriner (dysurie)
Accompagnée ou non de ces symptômes, la pollakiurie doit toujours alerter et pousser à consulter rapidement un professionnel de santé.
Quelles sont les causes de la pollakiurie, ce besoin d’uriner trop fréquent ?
Les causes d’une pollakiurie sont diverses, et variables selon le sexe et l’âge. D’une manière générale, il convient de distinguer 2 grands types de causes :
- Les causes anatomiques
- Les causes fonctionnelles
Les causes anatomiques de la pollakiurie
Dans certains cas, il arrive que le besoin d’uriner soit trop fréquent parce que la capacité vésicale est réellement moindre :
- Vessie de petite taille
- Radiothérapie ayant entrainé une diminution du volume de la vessie
Dans d’autres cas, un résidu post-mictionnel (l’urine qui reste dans la vessie après avoir uriné) est à l’origine de cette sensation de vessie pleine. Par exemple, lorsque le muscle vésical n’est pas assez tonique pour vidanger entièrement la vessie lors de la miction. On parle d’hypotonie vésicale.
La cystite interstitielle, ou « syndrome de la vessie douloureuse », fait également partie des causes anatomiques de la pollakiurie. Il s’agit d’une inflammation chronique de la vessie, sans aucune infection. Il faut donc bien distinguer la cystite interstitielle de la cystite aiguë.
Les causes fonctionnelles de la pollakiurie
Les causes de la pollakiurie sont dites fonctionnelles lorsque des contractions de la vessie inadaptées viennent stimuler l’envie d’uriner. C’est ce qu’il se passe lors d’une infection urinaire (cystite principalement, mais également pyélonéphrite, prostatite et urétrite), ou en cas de vessie hyperactive.
On parlera également d’une cause fonctionnelle si la pollakiurie est due à :
- Un cancer de la vessie
- Un cancer de la prostate
- Un prolapsus génito-urinaire (ou « descente d’organes »)
- Des calculs vésicaux
- Une hypertrophie bénigne de la prostate
- Une endométriose vésicale
- Une sclérose en plaques
- La Maladie de Parkinson
- Un accident vasculaire cérébral
Y a-t-il d’autres causes expliquant une pollakiurie ?
Une pollakiurie peut également survenir en cas de stress, de troubles anxieux ou d’émotions fortes. On parlera alors spécifiquement de « pollakiurie psychogène ». De même lorsque le besoin d’uriner se fait sentir de façon réflexe, par peur des fuites urinaires ou d’incontinence.
Enfin, il convient de souligner que les femmes enceintes sont très souvent concernées par la pollakiurie pendant leur grossesse. Cela s’explique par la pression que le fœtus, dans l’utérus, exerce sur la vessie.
Sensation de vessie pleine constante : quelles solutions ?
Pour établir le diagnostic de pollakiurie, le professionnel de santé (médecin urologue, infirmière) aura besoin de faire le bilan des mictions sur 24 heures et pendant au moins 3 jours. Il demandera ainsi de tenir un calendrier mictionnel, document qui permettra de recueillir plusieurs informations :
- Horaires des mictions
- Circonstances des mictions (urgence, précaution, etc.)
- Symptômes associés (brûlures, fuites, etc.)
- Volume des mictions
- Volume total des urines sur 24h
- Quantité de liquide absorbée
Une fois le diagnostic de pollakiurie posé, il conviendra d’en chercher l’origine afin de traiter spécifiquement la cause. Si l’infection urinaire est exclue, des examens complémentaires adaptés à la situation de la personne seront demandés.
Dans la plupart des cas, le traitement de la cause associé à des mesures d’hygiène et de diététique permettent de diminuer, voire de supprimer, les symptômes de la pollakiurie.